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En 2010, le système familial traditionnel japonais connait une grande révolution lorsque le Ministère de la Santé décide d’introduire en même temps que le congé de paternité, l’Iku-men Project pour les papas désireux de s’occuper de leur progéniture.
C’est alors un véritable phénomène social qui s’annonce. Le terme Iku-men est issu de « Iku-ji » qui signifie « éducation des jeunes enfants » et le mot anglais « Men » pour hommes. Il désigne ces hommes qui mettent leur carrière professionnelle entre parenthèse pour s’occuper de leurs enfants et se consacrer uniquement à leur éducation.
Grand changement pour toute une génération d’hommes pour qui la fonction de père était de subvenir aux besoins de la famille et pour qui la mère avait en charge le foyer. Dans le Japon des années 1960, la famille est même reléguée au second plan après l’entreprise qui accapare complètement le père de famille.
Les entreprises désireuses de bichonner ses employés masculins multiplient les activités extérieures en soirée ou le week end. Ce qui à pour effet d’éloigner encore plus les pères de la sphère familiale. Celui-ci trouve alors difficilement sa place dans ce noyau familial qui lui est quasi inconnu.
Il croise rarement ses propres enfants et n’a plus le temps de discuter avec son épouse des décisions à prendre pour la maisonnée. La mère se retrouve à gérer et à organiser le foyer seule !
Désemparée, elle reporte souvent de façon exagérer son attention sur ces enfants créant des relations ultra-fusionnelles voire des « mother complex » ! Le père perd peu à peu sa place et est souvent rejeté par ses enfants qui le considèrent comme un étranger et un vulgaire distributeur bancaire. Cette situation dégrade aussi les relations du couple…
Ces raisons ont poussé le gouvernement à réagir car la situation est telle qu’elle commence à créer des problèmes au sein de la société japonaise : une baisse de la natalité déjà très faible dans l’archipel mais également une diminution du nombre de personnes actives.
Le projet Iku-men voit alors le jour en 2010. Il met en place le congé de paternité pour 6 mois et encourage les pères à participer à la vie de la famille en s’occupant des enfants, des taches ménagères et de la gestion du foyer. Les politiques et les stars masculines se mettent de la partie pour inciter les japonais à faire de même !
Quelques entreprises encouragent vivement les pères à prendre leur congé de paternité et de nombreux avantages sont réservés dans les restaurants ou les magasins aux pères accompagnés de leurs enfants.
Des papas kangourous commencent à fleurir dans les rues japonaises, dans les pacs et les piscines ! Cependant, le Japon reste un pays où prendre des congés est un fait très rare.
Très peu d’hommes font le choix de devenir « papa au foyer » et ce malgré les différentes associations et les sites internet consacrés au sujet et qui sont là pour les aider et les accompagner au quotidien. La grande majorité des Iku-men sont des pères ayant passé la trentaine.
Ils travaillent pour de grandes entreprises qui octroient plus « facilement » le fameux congé de paternité même si parfois il faut batailler pour l’obtenir !!!
Les mentalités sont dures à faire évoluer et dans un pays comme le Japon qui cultive l’esprit de l’entreprise avant celui de la famille, les hommes ont encore beaucoup de combats à mener avant de pouvoir imposer leur statut de « père » à la société.
La lourdeur des traditions dans ce contexte est également un frein lorsque l’on sait que la mère accouche souvent dans sa ville natale afin de bénéficier de l’aide de sa mère et que le père est le dernier à faire la connaissance de son nouveau né ! Comment lutter contre une grande mère quand on est un père constamment occupé et absent !
L’éducation de l’enfant revient souvent à la mère et à la grand-mère et le père à peu de chose à redire sur le sujet. Et c’est là que la politique familiale fait mal. Le schéma a toujours était le même et il semble difficile aujourd’hui de le chambouler.
Dans une société où le travail est la chose la plus importante, comment réussir à faire respecter les droits des travailleurs. Des progrès sont à faire pour que ceux-ci puissent bénéficier d’un temps de travail convenable et compatible avec une vie de famille et de leurs congés pour pouvoir passer du temps avec leurs enfants et leurs conjoints.
Devenir Iku-men n’est pas une chose aisée car le poids de la société pèse sur ces nouveaux pères qui ont du mal à concilier leur vie familiale et leur vie professionnelle. Les pères passent à côté de nombreux moments importants de la vie de leurs bambins.
Toutefois, une étude réalisée en 2012 auprès de la population à mis en lumière que la population serait plutôt favorable à la condition de mère au foyer. Il semblerait que très peu de femmes soit désireuses de s’occuper de la maison et de travailler en même temps. Elles préfèrent se consacrer uniquement à leurs enfants et à leur foyer.
En fait, une grande majorité des japonais restent très attachés au modèle « papa travaille, maman reste à la maison ». Dans ces conditions, le changement n’est pas pour demain si les mentalités n’évoluent pas en chaque individu et au sein du monde du travail.
Les Iku-men vont devoir beaucoup œuvrer pour s’imposer dans une société encore peu ouverte à la modernité et à l’innovation en ce qui concerne la famille…
Marino pour ojapon.com
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