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Il est au Japon, un peuple très peu connu et qui mérite pourtant toute notre attention, les Aïnous. Après avoir subi discrimination et humiliation, les derniers représentants de cette ethnie se battent aujourd’hui inlassablement pour qu’on leur reconnaisse le droit « d’être » !
Les Aïnous (ainu) dont le nom signifie « homme » sont un peuple indigène vivant dans les contrées du Nord japonais mais également dans le grand Est russe. Ils semblent venir de la péninsule coréenne et seraient passés par l’île de Honshu pour finalement s’établir sur l’île d’Hokkaido. Cette nation vit de la chasse et de la pêche mais aussi du commerce de peaux et de fourrures. Leur structure sociale est patriarcale et ils sont polygames.
Comme beaucoup de peuplade aborigène, ils vénèrent la nature ; ce sont des animistes et leur animal totem est l’ours. On ne peut précisément déterminer l’origine de ce peuple qui a frôlé l’extinction. Aucun recensement précis n’a pu être établi, les Aïnous cachant volontairement leur origine à la société mais aussi à leur descendance. Ils sont physiquement plus proche des aborigènes d’Australie, leur carrure est plus imposante et ils sont plus poilu que la moyenne des japonais.
Cependant, il semblerait que 35 % des japonais aient une origine Aïnou. Japonais et Aïnous ont d’abord eu de bonnes relations avant que le Japon ne commence à imposer sa domination sur ce peuple qu’il jugera barbare (Emishi). Les Aïnous, de par leur nature animiste, n’opposèrent que peu de résistance face à l’envahisseur japonais. Celui-ci va alors progressivement parvenir à refreiner la culture Aïnou et ceux-ci se verront contraint d’abandonner leur religion, leurs coutumes et leurs habitudes vestimentaires.
La langue sera interdite au profit du japonais et le territoire morcelé en parcelles agricoles octroyées par le gouvernement japonais. Ne reste au peuple Aïnous que la perspective d’être agriculteur ! Alors même que la culture Aïnou regorge de merveilles artisanales comme le tissage d’étoffe ou la sculpture sur bois. Grand inventeur, le peuple Aïnou qui vit dans des conditions difficiles, conçoit des outils utiles au quotidien pour faciliter la pratique de la pêche, de la cueillette ou de la chasse.
Tout est réfléchi pour simplifier le travail de la communauté (arc, flèche, piège, harpon, filet,…). Le tissage est une tache exclusivement féminine. Chaque village ou « Kotan » à ses propres motifs qui sont comme une carte d’identité de la tribu. Les étoffes sont tissées sur des métiers à tisser que l’on nomme Karepinki.
Les hommes ont quant à eux l’exclusivité de la gravure sur bois ! Le sculpteur Bikki (1931-1989) est l’un des plus célèbre représentant Aïnou de la discipline et son art a permis de faire connaître sa culture à travers le monde en exposant ses œuvres dans des musées. La sculpture fait également partie du rituel de passage à l’âge adulte pour les hommes. On devient homme lorsque l’on maitrise parfaitement l’art de la pêche, de la chasse et de la gravure sur bois. Pour la femme, c’est le tatouage qui amorce l’entrée en puberté.
En effet, elle se fera tatouer jusqu’à son mariage et notamment sur les bras, le dessus de la lèvre supérieure, des sourcils et sur certaines parties intimes de son corps. Cette pratique jugée négative, sous l’influence religieuse japonaise, se verra prohibée, brisant ainsi l’identification du statut social dans le clan. Le tatouage Aïnou assure également à la personne qui le porte sa place parmi les ancêtres après son décès.
La dance et le chant sont aussi très importants dans le quotidien des Aïnous qui les pratiquent aussi bien pendant les taches journalières que pendant les cérémonies religieuses ! Le système politique se réparti entre 3 chefs (statut transmis par hérédité) et ce dans chaque village. Le territoire est scindé administrativement en 3 provinces : Saru, Usu et Ishikari. Ce sont les membres de la communauté qui jugent leurs pairs en ce qui concerne les délits.
Pas de prison, ni de peine de mort pour les crimes ; quelques coups de bâton suffisent ! Par contre, pour les meurtres, le coupable se voit sectionné les oreilles et le nez ou parfois les tendons des pieds ! Les Aïnous vivent dans une Cise (maison) et un Kotan compte environ 10 habitations ; le plus souvent installées près d’une rivière ou de la mer. La cise se compose d’une seule grande pièce dont le centre fait office de foyer et de cuisine. Trois fenêtres ornent les murs.
Les Aïnous sont également de fins gastronomes. Ils utilisent pour la préparation de leurs plats traditionnels de la viande d’ours, de phoque, de renard (et bien d’autres animaux encore), des poissons, des légumes, etc.… Longtemps écrasé par le poids de la pression exercée par le Japon qui vise « l’identité japonaise pour tous les habitants du Japon », les Aïnous vont à partir de 1960 revendiquer leur droit à la différence ethnique.
Leur plus fidèle défenseur est Shigeru Kayano, premier Aïnou à entrer à la Kokkai (parlement japonais). Il va se battre sans relâche pour obtenir la reconnaissance de son peuple. Ce sera chose faite en 1991. Grande victoire pour le peuple Aïnou qui peut enfin promouvoir sa culture et la diffuser ! Malheureusement, aujourd’hui encore la discrimination existe. Le chemin sera long pour que la culture Aïnou puisse s’épanouir librement car il faut changer les mentalités et faire accepter la diversité.
Toutefois, à force de ténacité, les Aïnou ont su revenir plus forts que jamais et portés par l’ensemble de la communauté, ils œuvrent afin que leur culture soit réhabilitée. En 2008, le peuple Aïnou a été reconnu « peuple indigène avec sa propre langue, religion et culture…).
Marino pour ojapon.com
Publier dans: Histoire japonaise
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