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Le mot « goze », dérivé de « mekura gozen » signifie « femme aveugle ». Goze est un terme historique qui était utilisé à l’époque médiévale pour nommer les femmes japonaises aveugles qui travaillaient de façon itinérantes dans la musique et qui jouaient du Shamisen.
Au cinéma ou sur les gravures, on les représentait équipées d’un sabre sans garde qui faisait office de bâton de marche. Elles appartenaient à une confrérie et officiaient généralement en compagnie d’apprenties avec lesquelles elles jouaient des pièces musicales. Elles se regroupaient sous forme d’organisations mais elles étaient parfois à tords associées aux quartiers de plaisir où on les sollicitait pour chanter et jouer lors de fêtes et de repas.
Si au sud de l’ile, les femmes aveugles tendaient à devenir goze, au nord elles choisissaient plutôt de devenir chamanes (Irako). Sous l’ère Edo (17ème-18ème siècle), les goze se regroupaient en trois types de communautés : les communautés concentrées dans les villes avec un nombre limité de maison. A la tête de chaque maison, on trouvait un maître qui enseignait son savoir à une élève qui deviendrait maître à son tour au décès de celui-ci. L’élève devait quitter son foyer et s’installer en ville.
Il n’était pas rare que le maître adopte son élève pour pouvoir lui transmettre par la suite la maison ; les communautés où les goze choisissaient de rester à la campagne dans leur maison après avoir suivie leur apprentissage auprès d’un maître extérieur. Elles restaient toutefois liées aux autres par des règles qui ne fallait pas enfreindre au risque de se faire bannir de la congrégation ; et enfin les communautés sans hiérarchie définie, où chaque membre pouvait à tour de rôle être à la tête de l’organisation.
La corporation permettait aux femmes déficientes visuelles d’être indépendantes et de pouvoir exercer leur profession de musicienne. Néanmoins, des règles régissaient leur comportement dans la société. Elles se devaient de toujours obéir aux enseignants, de ne rien faire de contraire à la morale et de faire preuve d’humilité et de gratitude envers les donateurs.
Plus important encore, elles devaient rester célibataires. Un manquement à cette règle équivalait à l’expulsion immédiate du groupe. Il était important de respecter les directives car cela était une garantie de la légitimité de la profession. Appartenir à un groupe régit par des lois visait à faire reconnaitre l’association comme légale et honorable.
Cela avait aussi pour but d’éviter que les goze ne soient assimilées à des vagabondes ou des prostitués, leur carrière les amenant souvent à cheminer sur les routes de village en village et à dormir chez l’habitant ! Aujourd’hui, de nombreuses chansons du répertoire goze ont disparues.
Heureusement, des enregistrements venant de la préfecture de Niigata ont pu être effectués. Le répertoire était varié avec de longs chants à connotation bouddhiste (Saimon matsusaka) ; des sortes de longues chansons mélodramatiques (Kuoki) traitant de l’amour, de la trahison amoureuse et du suicide. Les chansons pour le porte à porte (Kadozuku uta) étaient effectuées lorsque les goze récoltaient les dons auprès de la population.
Les Min’yo ou chants folkloriques étaient pratiqués pour animer les fêtes où on sollicitait les goze pour jouer. Des chansons plus classiques faisaient aussi partie du répertoire des goze, celles-ci avaient été apprises auprès de musiciens professionnels extérieurs à l’organisation. Et parfois, pour satisfaire certains clients, les goze pouvaient aussi s’essayer à des chansons un peu plus populaires. Haru Kobayashi, désignée comme l’un des Trésors Nationaux Vivants du Japon, était une goze très réputée sur l’archipel.
Née en 1900, elle avait débuté son apprentissage très jeune puis sa carrière alors qu’elle était tout juste âgée de 8 ans. Elle a voyagé, chanté et joué du Shamisen jusqu’en 1978.C’est une figure emblématique de cet art traditionnel du goze. Elle est décédée en 2005 à l’âge de 105 ans !
Marino pour ojapon.com
Publier dans: Histoire japonaise
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