par 6 Mai 2021
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Voici un terme qui remonte à la période Heian. Il se compose de « Bi » qui sert à désigner un individu de sexe féminin d’une grande beauté et de « Jin » pour personne. Bijin signifie donc « belle personne, beauté, poupée ».

Mais qu’est-ce qu’une belle femme au Japon ?

Sous l’ère Heian, une beauté doit avoir la peau claire, un visage rond, de belles joues rebondies, une magnifique chevelure de jais et des petits yeux.

La première représentante de ce mouvement Bejin est sans conteste Ono No Komachi, poétesse de son état. Ono No Komachi est née en 825 dans la région d’Akita. Elle est reconnue comme un des grands poètes de la période Heian. L’auteure est célèbre aussi bien pour son talent d’écriture que pour sa beauté légendaire. Elle va ainsi devenir le porte-drapeau de la beauté féminine sur l’archipel. Cette notoriété va faire d’elle un personnage récurrent des Bijin-ga, estampes japonaises de type Ukiyo-e, des contes et des pièces de théâtre. Tous vantent sa beauté rarissime. Le mythe des beautés d’Akita est né !

L’art a beaucoup contribué à faire connaitre le concept des Bijin à travers la peinture, les gravures, la photographie mais également l’artisanat (les poupées Kokeshi semblent être inspirées directement des Bijin). La beauté japonaise est source d’inspiration pour bon nombre d’artistes.

1603-1868, ère Edo. L’Ukiyo-e se disperse dans le Japon. Ce mouvement artistique que l’on peut traduire par « images du monde flottant » à pour sujet de prédilection la bourgeoisie, sa petite vie quotidienne mais surtout les belles femmes. Elles deviennent objets de désirs et suscitent envies et fantasmes chez les hommes de classe inférieure.

Le maître en la matière de Bijin-ga est Kitaga UTAMARO (1750-1806). Ses splendides portraits très détaillés (on le soupçonne d’avoir beaucoup fréquenté les lieux de plaisir) des femmes japonaises de l’époque sont très connus au Japon mais aussi à l’étranger. Ces représentations de la femme japonaise idéalisée ont contribué à véhiculer auprès des autres nations, l’image d’une femme docile, douce et délicate qui perdure encore de nos jours !

Akita (Tôhoku) et Fukuoka (Kyûshu) sont particulièrement célèbres pour leurs Bejin. Souvenez-vous, Akita est le lieu qui a vu naître la première Bejin, Ono No Komachi.

Là-bas, les femmes y ont la peau plus blanche, critère de beauté obligatoire au Japon. Cela peut s’expliquer par un taux d’ensoleillement plus faible et par un métissage quasi inexistant.

Être considérée comme une Bijin peut cependant être un fardeau pour certaines femmes. Elles se sentent alors obligées d’être toujours à la hauteur du standing de beauté que l’on attend d’elles. Et cela peut véritablement générer anxiété et stress. Ces régions sont d’ailleurs celles où le nombre d’instituts de beauté est le plus grand.

Le concept Bijin est aussi un formidable dispositif promotionnel pour ces régions. Les actrices et mannequins originaires de ses préfectures sont leurs « ambassadrices de la beauté » et servent d’outil de vente pour les marques de cosmétiques et les instituts. Beauté et affaires sont étroitement liées et ce poids de la beauté n’a pas fini de peser sur les frêles épaules des Bejin.

Marino pour ojapon.com

Sources : internet

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